Discours de S.E.M ISMAÏL OMAR GUELLEH Président de la République lors de la journée internationale de la Femme

Je suis heureux de participer avec vous cette année encore à cette journée internationale dédiée à la Femme. Cet événement  nous offre chaque année l’occasion d’évaluer les avancées de notre pays en matière d’intégration sociale, économique et politique de la Femme Djiboutienne.

Naturellement, une journée ne suffit pas pour apprécier ou reconnaître les actions de la femme tant la sphère économique et sociale que dans le domaine familial.

Néanmoins, il est important de marquer cette journée pour éveiller les consciences. En effet, si nous pouvons nous targuer d’avoir fait de solides avancées sans remettre en cause les acquis, la lutte pour l’intégration et l’émancipation de la Femme Djiboutienne est un combat de longue haleine. Donc un combat de tous les jours et de tous les instants.

Mesdames et messieurs

Incontestablement, notre société, aidée par les politiques publiques mises en place, a évolué. Cependant, si nous voulons réellement faire avancer les choses pour notre société et toutes ses composantes, il me semble que nous devons garder à l’esprit quelques principes fondamentaux.

D’abord que la femme a la même place et la même importance que l’homme dans notre société. L’égalité réelle, dans les faits ne se fera que si nous partons de ce constat. Les politiques publiques en faveur des femmes ne sont donc pas des faveurs ou des cadeaux que nous gente masculine leurs faisons. Ce n’est pas quelque chose que les femmes reçoivent, c’est ce qu’elles ont gagné et ce qu’elles ont créé pour elles-mêmes!

Ensuite, il ne saurait être question de justifier des inégalités ou des privations de droit par le seul fait qu’un individu est née femme!

Une fois ces deux principes acquis, il est évident pour tout un chacun que la question des inégalités homme-femme n’a plus lieu d’être.

Mesdames et Messieurs,

Certes notre pays et notre gouvernement a toujours eu une politique volontariste lorsqu’il s’agit de restaurer l’équité et l’équilibre des droits au sein de nos institutions.

À titre d’exemple, en 2018, le gouvernement, a légiféré pour que les partis politiques proposent en position éligible dans leur liste 25% des Femmes.

Bien entendu, cette mesure n’est qu’une étape de plus, sur le chemin de la parité et de l’égalité Hommes/Femmes au sein de la représentation nationale.

Mais pour bousculer le  conservatisme de tout bord et  pour que la question du genre soit perçue comme un paradigme de bonne gouvernance, il nous faut faire plus! Beaucoup plus!

Notre Nation, notre société, nos institutions ont besoin de l’apport de nos Femmes. Cet apport, un temps négligé, marginalisé et même inhibé, est essentiel pour le développement de notre Pays et pour l’épanouissement de nos concitoyens et de nos concitoyennes.

C’est pourquoi le Gouvernement est résolument décidé à valoriser et à mettre en relief cet apport. Car il s’agit d’un apport multidimensionnel qui ne peut qu’enrichir la collectivité et la République. Sur le plan économique, on estime que les écarts entre hommes et femmes sur le marché du travail-et notamment la question de l’accès- coûtent à l’économie environ 15% du PIB.

Pour être clair, nous privons notre économie et notre société des gains réels que représentent l’accès et la contribution des femmes sur le marché du travail.

Mesdames et Messieurs,

Pour remédier à cela, nous devons lever les obstacles institutionnels qui empêchent les femmes d’accéder et de s’imposer durablement sur le marché du travail tout en faisant les choix qu’elles souhaitent sans avoir à sacrifier aucune part de leur vie qui serait importante pour elles.

Très souvent, dans la compétition du marché travail, où les femmes arrivent aux côtés de leurs collègues masculins à compétence égale,seul, de manière insidieuse, il est opposé aux femmesla carrière ou la vie de famille.C’està elle seule que revient cette question de choisir d’avoir du succès dans sa carrière professionnelle ou être une bonne mère de famille.

Percevoir la maternité comme étant un obstacle à la performance est devenue chose courante dans nos milieux professionnels culpabilisant ainsi les jeunes mères qui interrompent le travail pour s’occuper de l’enfant dans les premiers mois de sa vie.

Pour atteindre la vraie égalité des chances entre les hommes et les femmes, tout en favorisant à la fois la famille et le bien-être économique, il faut offrir aux femmes des conditions professionnelles, politiques et sociales qui tiennent compte de leur rôlecomplexe au sein nos sociétés.

C’est pourquoi, mon gouvernement va dévoiler dans les prochaines semaines une réforme nationale qui portera la durée du congé maternité à 6 mois soit 25 semaines contre 14 semaines actuellement.

Cette mesure a une double visée: la première est économique et doit permettre aux femmes de rester sur le marché du travail sans se retrouver face au choix cornélien de perdre son emploi ou de devoir quitter son nouveau-né bien trop tôt.

La seconde porte une dimension de santé publique en matière desanté maternelle, et sur le développement de l’enfant durant la période cruciale des 6 premiers mois notamment sur le plan nutritionnel.

Bien entendu, s’agissant du coût de cette réforme, il ne s’agit pas de pénaliser les femmes en les rendant plus “chères” en terme de cotisations sociales donc cette mesure n’augmentera la part versée par l’employeur bien évidemment!

Mesdames et Messieurs,

 Les conditions d’existence de la Femme Djiboutienne, longtemps barricadée par des préjugés et des pesanteurs, ces conditions d’existence s’ouvrent à la modernité et à une meilleure compréhension des choses. Car au fur et à mesure que notre société progresse, les préjugés s’évaporent et les pesanteurs s’estompent.

Nous le savons, Il n’y a pas de limite au travail ou aux efforts qu’une femme peut fournir et nous le voyons sans cesse car elles continuent à être sur tous les fronts et à mettre à mal les stéréotypes malgré les obstacles et les carcans que leur imposent la société!

Naturellement, le gouvernement continuera à agir, toujours et encore pour l’épanouissement de nos Filles, de nos sœurs et de nos Femmes. Comme il l’a fait dans l’accès à l’Education, dans l’accès à la Santé ou encore dans l’accès au marché du travail, il n’hésitera pas à prendre des mesures spécifiques pour corriger les inégalités et les discriminations qui empêchent la Femme Djiboutienne de prendre sa place entière dans le développement de notre pays.

Je tiens donc à saluer comme toujours leur activisme, leur abnégation et leur volonté affichée de voir notre société progresser.  Et je fait ici appel à leurs bonnes volontés pour continuer à mettre la barre toujours plus haut!

Je vous remercie

Ismail O. Guelleh – Président de la République